S'abonner

Logo decisionbourse.fr

Se connecter

Orpea, pour qui roule la direction?

Massacré l’an dernier en Bourse à la suite de la sortie voilà un an d’un livre à charge contre la société et le secteur de la prise en charge de la dépendance, le titre profite en ce début du mois de janvier de rachats à bon compte et de débouclement de positions de vente à découvert. Très politique, le dossier reste risqué face à une nouvelle direction prête à employer tous les moyens pour faire le grand ménage. Au mépris des actionnaires actuels.

Orpea - Pixabay.com
Orpea – Pixabay.com

2022 restera l’année de la déconfiture d’Orpea. Leader mondialement reconnu de la prise en charge de la dépendance et apprécié des investisseurs en bourse pour son profil peu cyclique et son excellente visibilité sur un métier porteur tiré par le vieillissement de la population et le manque d’infrastructures de soin, Orpea a vu ses perspectives voler en éclat par la sortie d’un livre à charge voilà un an. Si les accusations de maltraitance dans un métier d’aide à la personne ne sont malheureusement pas nouvelles, le groupe s’est en revanche rendu coupable, par l’intermédiaire de son ancienne équipe de direction, de graves infractions (abus de biens, recel, blanchiment) qui ont très sérieusement terni son image à l’égard des patients et des familles, des autorités sanitaires et politiques et des banquiers et investisseurs. Nommée en juin dernier, la nouvelle direction, avec à sa tête Laurent Guillot en patron opérationnel et Guillaume Pepy à la présidence, doit relever l’immense défi de restaurer l’image et la confiance d’Orpea auprès du public au sens large. Un grand ménage a déjà été fait pour éradiquer l’ancien management et une nouvelle gouvernance est mise en oeuvre pour améliorer le parcours de soin, la qualité du personnel, le bien être patient et salarié et rassurer les autorités sanitaires et politiques.

Les créanciers sécurisés ont intérêt à une forte dilution des autres créanciers et actionnaires

Au niveau financier, après l’annonce cet été d’un plan « soft » de désendettement du groupe grâce à des cessions d’actifs (3 milliards d’ici fin 2025 dont 1 milliard dès cette année), la nouvelle direction a complètement changé son fusil d’épaule à l’automne à la grande surprise de nouveaux actionnaires, comme Nextstone Capital et Mat Immo Beaune, agissant de concert à travers le holding Concert’O, que la lettre de la Bourse a interviewé dans son numéro du 22 décembre. Désormais, l’objectif de la direction est de faire table rase du passé en forçant les créanciers non sécurisés à convertir leurs dettes en capital avec une forte perte à la clé et dans un deuxième temps à recapitaliser Orpea en faisant appel à de nouveaux investisseurs de renom (la Caisse des Dépôts et Consignations?) au mépris des actionnaires actuels qui, après s’être vu diluer par la conversion de dette des créanciers n’auront même pas de droits préférentiels de souscription. Comment ne pas y voir à la fois la pression du gouvernement et des autorités sanitaires pour une remise à plat totale de la société y compris sur un plan financier et surtout des créanciers sécurisés (les banques françaises) qui ont tout intérêt à ce que le bilan soit complètement assaini. Quitte à ce que les autres créanciers et les actuels actionnaires en soient pour leurs frais. C’est dans cet esprit que la nouvelle direction a pris la décision de massivement déprécier (entre 5 et 5,4 milliards avant impôt) le patrimoine immobilier d’Orpea expertisé fin 2021 par des acteurs indépendants reconnus (Cushman et Wakefield, JLL et CRBE) à 8,18 milliards. La valeur de celui-ci devait être ramenée en fin d’année dernière autour de 6 à 6,1 milliards. Le seul espoir réside dans l’effort entrepris par les actionnaires minoritaires réunis sous la bannière Concert’O de convaincre la nouvelle direction et les autres parties prenantes (autorités politiques et sanitaires, les créanciers sécurisés) de la viabilité du plan de redressement proposé beaucoup moins agressif mais tout aussi pertinent. Le plus surprenant reste le silence de deux autres actionnaires minoritaires de poids que sont le fonds de pension du Canada (14,5% du capital) et Peugeot Invest (5,1%). La convocation d’une assemblée générale des actionnaires chargée de se prononcer sur les deux plans de restructuration aurait le mérite de clarifier les choses.

Notre conseil : restez à l’écart d’Orpea (code : FR0000184798)

// ADS SECTION