Lepermislibre : faut-il souscrire l’introduction en bourse ?
La plateforme d’auto-école en ligne veut lever 8 millions d’euros en s’introduisant sur le compartiment Euronext Growth Paris pour devenir le leader de son secteur en France en profitant de la libéralisation du marché des auto-écoles.

Créée en 2014 par ses deux fondateurs trentenaires, Lucas Tournel et Romain Durand, qui détiennent actuellement chacun 17,4% du capital aux cotés de fonds d’investissements, la société lepermislibre est actuellement le deuxième acteur de l’enseignement de la conduite en ligne (derrière le leader Ornikar) sur un marché français du permis de conduire estimé à 2,2 milliards d’euros par an. La société s’est fixée pour mission de réinventer la formation au permis de conduire en proposant aux candidats des offres attractives et très flexibles (pas de contrainte de temps ni de lieu). Le pack formation + examen au code de la route est ainsi proposé à 44 euros contre une moyenne de 343 euros dans une auto-école traditionnelle, tandis que le forfait code de la route + 20 heures de conduite est proposé à 799 euros, soit 30% moins cher. Pour capter ce marché, lepermislibre a développé une plateforme contenant d’importantes bases de données pour le formation au code et mettant en relation des candidats et des enseignants diplômés indépendants (900 environ) qui y trouvent leur compte avec une rémunération 40% supérieure à celle d’un salarié classique du secteur. Avec une présence dans près de 500 villes, la société dispose de 1480 points de rendez-vous dans toute la France. Le modèle économique est donc basé sur un actif technologique et fonctionne sans agences physiques.
Engagée depuis plusieurs années par le gouvernement, la libéralisation du marché vient de prendre une nouvelle dimension avec le déploiement de la plateforme « rendez-vous permis » qui réforme en profondeur le système d’attribution des places à l’examen de la conduite via la mise en place d’un quota de 5 places par mois par enseignant quelle que soit son ancienneté dans le métier. S’il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour les auto-écoles traditionnelles, les sociétés comme lepermislibre bénéficient au contraire d’un vrai potentiel d’accélération. C’est la raison pour laquelle après avoir multiplié le chiffre d’affaires par 9 en l’espace de trois ans (14,8 millions d’euros estimé en 2022), les dirigeants espèrent le hisser entre 45 et 50 millions d’euros à l’horizon 2025. Coté rentabilité, lepersmislibre ne gagne pas encore d’argent. En 2021, le résultat net était déficitaire de 0,6 millions d’euro et ce déficit s’est creusé au premier semestre 2022 (1,7 million) malgré une marge brute élevée de 40%. La société est en effet en pleine phase de structuration et doit investir dans son équipe (des spécialistes de la data et du digital) et l’extension du réseau d’enseignants. L’équilibre opérationnel devrait être atteint entre 2024 avec un premier bénéfice substantiel à partir de 2025.
Une valorisation de plus de 50 millions d’euros
L’introduction en bourse doit permettre de lever au moins 8 millions d’euros pour accélérer ce développement ainsi que la diversification de l’offre (notamment avec le relais de croissance prometteur de l’assurance auto en partenariat avec un courtier) et restaurer l’équilibre du bilan qui traduit un gros besoin en fonds de roulement. Lepermislibre réalise en effet une grande partie de son activité avec des candidats utilisant le compte professionnel formation (CPF). Ces derniers règlent un acompte de 25% au début de la formation et le solde à la fin de la formation. Or pendant ce temps, la plateforme doit rémunérer ses enseignants dans un délai d’une semaine après chaque cours. D’où la volonté de développer le chiffre d’affaires avec les candidats classiques qui règlent l’ensemble de la prestation dès le début du processus de formation, même si la rentabilité est inférieure sur ce segment. Au 30 juin dernier les fonds propres s’élevaient à 0,9 millions d’euros face à une trésorerie nette de 1,79 million d’euros mais la perte du deuxième semestre et la consommation de cash ont dégradé cette situation en fin d’exercice. Grâce à l’augmentation de capital, les fonds propres devraient remonter autour de 5 millions d’euros cette année et l’endettement rester marginal.
L’introduction sur Euronext Growth prendra la forme d’une offre au prix ferme de 3,83 euros par action qui prendra fin le 7 février en vue d’une première cotation le 13 février. En tenant compte de l’exercice des clauses d’extension et des options de surallocation, la capitalisation boursière théorique ressortirait à un peu plus de 56 millions d’euros soit 1,2 fois le chiffre d’affaires attendu en 2025, ce qui n’est pas donné mais la valorisation pourrait devenir plus attractive à un horizon de 5 ans si la société tient ses objectifs et parvient comme elle le souhaite à se hisser à la première place du podium de son marché.
Notre conseil : la libéralisation du marché des auto-écoles crée une opportunité pour la société dont les jeunes dirigeants nous font plutôt bonne impression. On attendra toutefois un repli du cours ver 3,40 euros pour se positionner. Code Isin : FR001400F2Z1.