Carbios va passer la vitesse supérieure avec sa première usine
L’entreprise de biotechnologie qui développe des solutions pour réinventer le cycle de vie des plastiques et des textiles vient de recevoir un beau coup de pouce de l’Etat et des collectivités pour financer sa première usine de recyclage de PET. Le plus dur reste cependant à faire.

Bonne nouvelle pour Carbios ! l’Etat et la région Grand-Est vont lui attribuer une aide de 54 millions d’euros pour financer sa première usine construite en partenariat avec le thaïlandais Indorama et situé à Longlaville en Meurthe et Moselle. Ce sera aussi la première usine de biorecyclage de PET au monde. Le coût total du projet avait été réévalué à la hausse en raison de l’inflation pour atteindre 230 millions d’euros et sera pris en charge à hauteur de 110 millions par Indorama. Carbios, qui développe des solutions biologiques pour recycler les plastiques et les textiles avec des procédés à base d’enzymes va donc pouvoir entrer à partir de 2025 dans une nouvelle phase de son développement. La question est de savoir s’il aura suffisamment de moyens pour mener à bien ce projet et en assurer la montée en puissance alors que ses résultats restent pour l’heure largement déficitaires et dégradent une situation financière encore solide.
Carbios ne réalise encore aucun chiffre d’affaires et a dégagé l’an dernier une perte de 27 millions d’euros (essentiellement en raison des frais de recherche et des frais généraux). Un an plus tôt la perte avait atteint 18 millions. Alors que la structuration de la société se poursuit, aucun bénéfice n’est prévu d’ici les trois prochaines années et la consommation de cash va continuer (elle était d’environ 30 millions d’euros par an sur les deux derniers exercices). Ce qui pourrait poser la question d’un appel au marché à moyen terme. En effet, le bilan reste pour le moment robuste avec 125 millions d’euros de fonds propres et une trésorerie nette qui atteint 63 millions d’euros. Mais cette trésorerie pourrait disparaitre d’ici deux ans si la consommation de cash continue au même risque, ce qui est probable. Il faudra sans doute attendre 2026 ou 2027 et la montée en puissance de la production de l’usine, pour que les premiers bénéfices arrivent et que la société commence à dégager du cash.
Le pari est tentant compte tenu du rôle que peut jouer Carbios dans l’univers de l’économie circulaire, un thème cher aux investisseurs et du marché potentiellement élevé du biorecyclage, mais les imprévus et les retards dans ce genre d’aventure sont souvent nombreux, ce qui entrainera sans doute des besoins de financement supplémentaires avec un risque de dilution pour les actionnaires actuels, alors que la société capitalise tout de même plus de 400 millions d’euros en bourse.
Notre conseil : nous préférons rester à l’écart en attendant une avancée majeure au niveau de la production. Code Isin : FR0011648716.