Getlink : un atterrissage maitrisé
Le concessionnaire du tunnel sous la Manche est freiné par la normalisation du marché de l’électricité et les problèmes techniques rencontrés chez sa filiale ElecLink. Le modèle économique reste très rentable et permet d’assurer une politique de distribution attractive sur le long terme.

Getlink n’a pas pu rééditer l’an dernier la très belle performance de 2023. Son chiffre d’affaires a reculé de 12% à taux de changes constant pour atterrir à 1,61 milliard d’euros, essentiellement en raison de la division par deux des facturations de la filiale ElecLink (280 millions d’euros contre 558 millions un an plus tôt) dont le rôle est d’équilibrer les besoins énergétiques entre la France et le Royaume Uni. Non seulement les prix de l’électricité ont baissé, mais ElecLink a dû suspendre ses activités le 25 septembre dernier à la suite d’un dysfonctionnement de l’interconnecteur. Sa remise en services est prévue le 10 février prochain. La principale activité du groupe (navettes camions et passagers) a connu une légère érosion (-1%) dans une conjoncture difficile, compensée par un rebond des autres revenus (acquisition de ChannelIPorts) et une bonne dynamique dans le fret ferroviaire, avec la filiale Europorte dont le chiffre d’affaires a progressé de 12%. La direction confirme les objectifs financiers pour l’exercice 2024 visant un excédent brut d’exploitation compris entre 780 et 830 millions d’euros grâce à une bonne maîtrise des coûts.
Un rendement de 3,8%
La performance du groupe en 2025 devrait peu évoluer par rapport en 2024 dans la mesure où ElecLink manquera plus d’un mois d’exploitation et affichera des prix de l’électricité encore inférieurs à ceux de 2023. La filiale a toutefois sécurisé ses ventes en précommercialisant 74% de sa capacité annuelle pour 159 millions d’euros. L’activité navette et fret ferroviaire restera quant à elle dépendante de la conjoncture des deux côtés de la Manche. D’après le consensus regroupé par Factset, le bénéfice pourrait stagner autour de 250 millions d’euros avant de repartir de l’avant en 2026 (297 millions) avec un fonctionnement en année pleine d’ElecLink. La valorisation n’est pas donnée (28 fois les résultats) mais le dossier comporte des atouts majeurs. A commencer par la durée de la concession qui s’étend jusqu’en 2086 (encore 61 ans). Getlink dispose par ailleurs d’importants déficits reportables (autour de 2,5 milliards d’euros) qui l’exonèrent d’impôt sur les bénéfices pendant plusieurs années. La structure financière étant sous contrôle, le groupe peut poursuivre une politique de distribution dynamique avec un dividende estimé à 0,59 euro au titre de l’exercice 2024 faisant ressortir un rendement de 3,8%. Enfin la présence d’Eiffage au tour de table (20,5% du capital) confère au dossier une dimension spéculative.
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