Eiffage : un rattrapage bien mérité
Le groupe de concessions et de BTP bénéficie d’un regain d’intérêt de la part des investisseurs au regard de son profil défensif et de sa faible exposition aux droits de douane. Malgré un beau parcours, le titre reste accessible et offre un rendement solide et pérenne.

Belle revanche pour Eiffage. Le groupe de BTP et de concessions avait été l’une des principales victimes de la dissolution de l’assemblé nationale il y a un peu moins d’un an, menacé par certains mouvements politiques de privatisation ou de taxation. Depuis le début de l’année, l’action a bondi de 50% pour inscrire récemment un plus haut historique de 128,45 euros. Son potentiel ne semble pas pour autant épuisé. Les investisseurs redécouvrent en effet le dossier peu sensible aux droits de douane et présentant des activités résilientes dans le temps.
Certes, comme ses concurrents français, Eiffage devra faire face à la fin des concessions autoroutières (APRR et d’AREA) en 2035 et 2036, mais le groupe a déjà commencé à préparer cette échéance en montant dans le capital de Getlink (20,5%), le concessionnaire du tunnel sous la Manche, dont la concession s’étend jusqu’en 2086, en renforçant son maillage européen dans les secteurs du BTP et des services et en se diversifiant dans les énergies renouvelables (dernière opération en date, l’accord en vue du rachat d’HSM Offshore Energy, un acteur de référence sur le marché éolien offshore).
Hausse de la charge fiscale en 2025
L’exercice 2025 a débuté sur une note très positive avec une progression de 8,3% du chiffre d’affaires au premier trimestre, à 5,6 milliards d’euros, dont +9,4% pour la division travaux (+5,6% en organique). Le pôle immobilier, en baisse de 34,2%, reste le seul point faible sur un marché du logement neuf toujours aussi déprimé. Au regard d’un carnet de commandes travaux de 29,7 milliards d’euros à fin mars, en hausse de 7% sur un an et équivalent à 17,8 mois d’activité, la direction a pu confirmer les objectifs annuels visant une amélioration du chiffre d’affaires et des résultats dans les travaux et les concessions tandis que le bénéfice net global sera logiquement affecté par la contribution exceptionnelle à l’impôt sur les sociétés applicable en France en 2025 (impact estimé à 130 millions d’euros sur la base des résultats de 2024).
Le consensus regroupé par Factset table donc sur un bénéfice en légère baisse, autour de 990 millions d’euros du fait de cette taxation, avant un rebond vers 1,15 milliard en 2026. Il en résulte des multiples de capitalisation encore modérés de respectivement 12,5 fois et 10,8 fois les bénéfices, sachant que le groupe pourrait profiter des budgets de relance en Allemagne et de la reconstruction en Ukraine. Eiffage affiche par ailleurs un ratio de valeur d’entreprise sur résultat d’exploitation de 9,3 fois pour 2025 et 9 fois pour 2026 inférieurs à ceux de Vinci (respectivement 10,6 fois et 10,1 fois). Quant au dividende de 4,70 euros par action détaché le 21 mai, il fait ressortir un rendement solide et pérenne de près de 4%.
Notre conseil : achetez Eiffage à 120 euros pour viser 150 euros à un horizon de 18 mois. Codes : FR0000130452 et FGR.