En baisse de plus de 13% sur les trois derniers mois, l’action EssilorLuxottica sous-performe nettement les indices et ne s’est pas vraiment remise de l’annonce des droits de douane par l’administration américaine. Le numéro un mondial des verres ophtalmiques et des montures semble payer très cher son exposition aux Etats-Unis avec 45% de ses ventes réalisées en Amérique du Nord au cours du premier trimestre 2025. Une hausse des droits de douane pourrait sans doute freiner la dynamique sur le continent américain où la tendance est restée soutenue en début d’année (+4,2% en organique) malgré les difficultés du segment des lunettes de soleil. La baisse du dollar face à l’euro constitue un autre handicap pour le groupe à court terme. Ces deux facteurs peuvent effectivement peser sur les marges du premier semestre dont on aura une meilleure connaissance le 28 juillet prochain. Dans une optique à plus long terme, les atouts du dossier restent intacts. L’activité restera portée par des tendances structurelles et profondes comme le vieillissement de la population et l’accès croissant au soin des yeux par les populations des pays émergents.

En attendant l’arrivée de Meta dans le tour de table

Le bureau d’étude ODDO BHF estime que les investisseurs n’ont pas encore pris conscience du potentiel lié aux nouveaux produits et métiers. En particulier la diversification dans les solutions auditives avec Nuance qui propose une technologie intégrée à la croisée de la vue et de l’audition destinée au 1,25 milliard de consommateurs souffrant d’une perte auditive légère à modérée. La valorisation n’intègre pas non plus le partenariat avec Meta annoncé en septembre dernier visant le développement de plusieurs générations de lunettes intelligentes alors que les premiers projets menés sur la marque Ray Ban sont plutôt concluants. Meta aurait d’ailleurs prévu de prendre 5% du capital du groupe. Plus récemment, EssilorLuxottica a fait l’acquisition de la plateforme d’ophtalmologie Optegra et ses cliniques qui vont permettre d’accélérer la constitution d’un pôle med-tech. Autant d’initiatives qui auront un effet visible sur la croissance du groupe à partir de 2018. Dans l’immédiat, la direction a récemment confirmé son objectif de croissance annuelle du chiffre d’affaires de l’ordre de 5% entre 2022 et 2026 à taux de changes constant avec une marge opérationnelle ajustée comprise entre 19% et 20% à l’issue de cette période (17% en 2024). En bourse, le titre capitalise encore 32 fois les profits estimés pour cette année, mais le multiple retombe autour de 25 fois dès 2027.

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