Bouygues : des ajustements à relativiser
Le conglomérat a légèrement révisé en baisse les perspectives de ses filiales Bouygues Telecom et Equans après avoir publié des résultats un peu justes au premier semestre. Cela ne l’empêche pas de maintenir ses objectifs annuels. Le groupe n’est pas exposé aux tarifs douaniers et devrait participer aux programmes d’infrastructure en Europe.

Sanction sévère pour Bouygues en Bourse ! L’action avait certes réalisé un très beau parcours avec une hausse de plus de 30% depuis le début de l’année, mais elle vient de subir de vives prises de bénéfices (une baisse de plus de 7%) après la publication des résultats semestriels. Le chiffre d’affaires, en hausse de 1,3% à 26,9 milliards d’euros et le résultat opérationnel, en progression de 6,5%, sont ressortis très légèrement en dessous du consensus malgré la poursuite du redressement de la marge de la filiale de services multitechniques Equans (+0,7 point à 3,9%) et l’évolution favorable des métiers de la construction, partiellement compensées par une plus faible contribution du pôle télécoms. La déception des investisseurs vient surtout du recadrage des prévisions pour Equans, confrontée à court terme à un attentisme persistant dans certains secteurs industriels et dans le tertiaire. Par conséquent, la direction n’attend plus qu’un chiffre d’affaires proche de celui de 2024 pour cette division au lieu d’une poursuite de la croissance organique, mais avec un niveau de marge proche de 4,2% (proche de 4% précédemment). L’activité télécom doit de son côté faire face à une forte pression concurrentielle et pourrait stagner aussi au lieu d’une légère croissance initialement anticipée. Enfin la filiale de médias TF1 a connu un marché publicitaire plus difficile que prévu au premier semestre mais elle espère toujours maintenir sa marge au niveau de 2024, avec une forte croissance du digital (succès de la plateforme de streaming TF1+).
Un rendement supérieur à 5%
Au total et en tenant compte de la résilience des métiers de la construction, Bouygues vise toujours une légère croissance du chiffre d’affaires et du résultat opérationnel courant pour l’ensemble de l’exercice. Cette année, le résultat net sera amputé par la contribution exceptionnelle sur les bénéfices en France dans le cadre de la loi des finances, avec un impact chiffré à 100 millions d’euros, dont 60 millions comptabilisés au premier semestre. D’où une stagnation attendue du bénéfice avant un rebond de 30% estimé par le consensus en 2026. Il en résulte des ratios de valorisation toujours modérés (moins de 11 fois les profits estimés pour 2026). La rentabilité du groupe reste en effet perfectible dans la plupart des divisions et plus particulièrement au niveau de la filiale Equans qui vise une marge opérationnelle de 5% pour 2027. Dans la construction, Bouygues jouera sans doute un rôle dans les travaux d’infrastructure prévus en Allemagne et dans la reconstruction de l’Ukraine. Notons que la plupart des activités de Bouygues ne sont pas concernées par les tarifs douaniers. Enfin, grâce à une situation financière maîtrisée, le groupe devrait poursuivre sa politique de distribution attractive. Le dividende de 2 euros distribué cette année devrait au moins être reconduit l’an prochain et il procure un beau rendement de 5,5%.
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