Saint Gobain : l’Asie prend le relais des Etats-unis
Peu exposé aux barrières douanières grâce à ses implantations locales, le numéro un mondial de la construction durable a battu un nouveau record de rentabilité au premier semestre et il peut confirmer ses objectifs annuels grâce au dynamisme de l’Asie et des pays émergents. La valorisation du dossier reste perfectible.

Difficile de trouver une bonne raison à la sanction infligée par les marchés à l’action Saint-Gobain après la publication des comptes semestriels, en dehors du fait que le contexte boursier se dégrade et incite à un mouvement général de prises de bénéfices, y compris sur les dossiers les plus solides. Le leader mondial de la construction durable n’a en effet aucunement démérité sur la première partie de l’exercice puisque son chiffre d’affaires est resté quasiment stable à données comparables pour atteindre 23,9 milliards d’euros, la faiblesse des marchés en Europe étant compensée par le dynamisme de l’Asie, tandis que la marge d’exploitation a battu un nouveau record historique pour s’inscrire à 11,8%, en amélioration de 0,1 point, notamment grâce à une poursuite de la hausse des prix (+1%) qui traduit bien le pricing power du groupe dans un environnement pourtant difficile, ainsi qu’aux mesures d’efficacité opérationnelles. Il faut cependant noter un ralentissement séquentiel des volumes et un début de dégradation en Amérique du Nord où le marché de la construction neuve est ralenti par des taux d’intérêt toujours élevé. Saint-Gobain réalise toutefois plus de ses ventes dans la rénovation sur cette zone. L’Amérique Latine (+10,4%) et l’Asie Pacifique (+3,9%), principalement l’Asie du Sud-Est sont devenues les deux principaux moteurs de la croissance du groupe.
Cap sur la chimie de la construction
Pour le deuxième semestre, la direction s’attend à une reprise progressive de l’activité en Europe mais aussi à une poursuite de l’érosion du marché de la construction neuve en Amérique du Nord, ce qui a pu contrarier certains analystes financiers. L’activité restera portée par des pays comme l’Inde, l’Asie du Sud Est, sans oublier l’apport de la société CSR, acquise pour 2,7 milliards d’euros et qui va permettre à Saint-Gobain de devenir le leader de la construction durable en Australie. A défaut d’objectif de chiffre d’affaires, le groupe confirme qu’il devrait dégager une marge d’exploitation supérieure à 11% sur l’ensemble de l’exercice (11,4% en 2024). Le groupe en a en effet les moyens depuis la mise en place d’une nouvelle stratégie focalisée sur les segments les plus rentables comme la Chimie de la construction et sur les zones géographiques les plus porteuses, qui lui permet d’être beaucoup moins cyclique que par le passé et de défendre ses prix. Le portefeuille d’activité a considérablement évolué dans cette perspective depuis cinq ans et de nouveaux arbitrages devraient permettre d’améliorer encore ce profil. Ces changements positifs ne sont pas complètement intégrés dans la valorisation même si le cours a doublé en trois ans. Après la récente baisse, la valeur d’entreprise représente moins de 8 fois l’excédent brut d’exploitation attendu pour cette année. Notons que Saint-Gobain est peu exposé aux barrières commerciales au regard de ses nombreuses implantations locales. Il devrait donc conserver ses avantages compétitifs.
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