Airbus : un ciel bien dégagé
Malgré une consommation de cash plus importante que prévu en raison des retards de livraisons, l’avionneur a publié des résultats solides au premier semestre. Son carnet de commandes record et l’exemption des droits de douane sur le secteur aéronautique apportent de la visibilité au dossier.

Tout n’est pas encore rentré dans l’ordre au niveau des cadences de production pour Airbus. Loin de là ! L’avionneur continue de se plaindre de la lenteur des livraisons de moteurs pour ses appareils A320 qui l’empêche de délivrer en temps et en heure son carnet de commandes. Il n’a livré que 306 appareils sur le semestre, dont 232 de la famille A320 (le best-seller d’Airbus) contre respectivement 323 et 261 appareils sur la même période de l’an dernier. D’où une baisse de 2% du chiffre d’affaires de la division d’avions civils (20,8 milliards d’euros) heureusement compensée par une meilleure dynamique dans les hélicoptères (+16%) et les activités liées à la défense (+17%). Si la rentabilité du pôle civil a été mise à mal, celle de l’activité défense et spatial est repassé largement dans le vert après les provisions passées l’an dernier (989 millions d’euros) pour la restructuration des activités spatiales, ce qui explique l’amélioration de 58% du résultat opérationnel ajusté à fin juin, au-dessus des attentes. Le seul motif de déception vient de la consommation de cash qui s’est creusée sur le semestre pour atteindre 1,6 milliard d’euros (soit deux fois plus que prévu) contre 529 millions l’an dernier. En cause, les appareils immobilisés et stockés dans des hangars en attente de livraison de moteurs.
10 ans de production en carnet de commandes
La direction a toutefois maintenu ses prévisions annuelles visant la livraison de 820 appareils, un résultat opérationnel de 7 milliards et un cash-flow libre de 4,5 milliards. Le défi à relever est important mais pas insurmontable pour le groupe qui a souvent tendance à rattraper son retard de production en fin d’année. L’objectif est toujours de produire 75 appareils A320 par mois en 2027 contre 67 en juillet. La bonne nouvelle est que les activités d’aéronautique civile du groupe ne seront pas soumises aux tarifs douaniers car elles figurent dans les exemptions autorisées par l’administration Trump. La position de trésorerie nette qui a fondu au premier semestre en passant de 10,7 milliards d’euros à 7,9 milliards en un an devrait par ailleurs se reconstituer avec l’accélération des livraisons prévues d’ici la fin de l’année et revenir autour de 10 milliards. Ce trésor de guerre équivaut à 7% de la capitalisation boursière d’Airbus mais il n’est peut-être pas suffisant pour mettre en œuvre un programme de rachat d’actions comme le souhaiteraient les investisseurs. L’opération pourrait malgré tout intervenir l’an prochain. Enfin, grâce aux derniers succès commerciaux, le carnet de commandes à fin juin a continué de s’étoffer pour porter sur 8.585 appareils, soit une hausse de 8% par rapport à fin juin 2024. Cela représente plus de 10 années de production et une visibilité exceptionnelle sur les résultats futurs du groupe qui justifie que la valeur d’entreprise représente 14,5 fois l’excédent brut d’exploitation attendu par le consensus cette année et 12,5 fois celui estimé pour 2026.
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