Saint-Gobain: une feuille de route solide
La présentation du nouveau plan stratégique a été éclipsée par la crise politique en France. Sur la période 2026-2030, Saint-Gobain entend se développer dans le non-résidentiel et les infrastructures, tout en améliorant son profil de croissance rentable.

Fort du succès de son plan précédent (“Grow & Impact”), le spécialiste des matériaux de construction vient de dévoiler un nouveau plan stratégique baptisé “Lead & Grow”.
Sur la période 2026-2030, le groupe piloté par Benoit Bazin vise une croissance moyenne de son chiffre d’affaires “mid-single digit” [aux alentours de 5%] en monnaies locales, avec une surperformance de 1 à 2 points par rapport aux marchés. Saint-Gobain prend bien soin de préciser que cet objectif s’entend “hors ralentissement économique et/ou cessions majeures”. L’an dernier, ses ventes ont reculé de 2,9%, dans une conjoncture difficile.
Saint-Gobain vise sur la durée du plan une marge d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) comprise entre 15% et 18%, (15,5% en 2024), un taux de conversion du cash-flow libre supérieur à 50% (62% en 2024), et un retour sur capitaux employés (ROCE) supérieur à 13% (14,3% en 2024).
Pour surperformer ses marchés, l’industriel entend s’appuyer sur son offre très complète pour la construction neuve et la rénovation : solutions extérieures (toiture, façade, vitrage), solutions intérieures (plaques de plâtre, isolation, plafonds), chimie de la construction (étanchéité, mortiers, colles, enduits, adjuvants et additifs pour bétons et ciments), ainsi que solutions de négoce (conseil, prescription et services digitaux).
Les leviers de développement sont bien identifiés : accélérer les ventes croisées, monter en gamme avec des solutions à forte valeur ajoutée et accroître la part des ventes prescrites dans une approche grands comptes pays par pays. Saint-Gobain veut aussi se renforcer sur deux marchés à fort potentiel: le non-résidentiel (établissements de santé, hôtels et data centers) et les infrastructures (ponts et tunnels, aéroports).
Enfin, Saint-Gobain poursuivra sa stratégie active de rotation du portefeuille. Les dirigeants entendent déployer 12 milliards d’euros en investissements de croissance et en acquisitions sur la période 2026-2030, avec des critères exigeants en matière de création de valeur. Il y aura certainement des cessions et des désinvestissements, mais leur montant n’est pas indiqué.
Rotation des actifs
La priorité sera donnée à la consolidation des positions de leader du groupe, aux pays à forte croissance et la chimie de la construction. Dans ce dernier domaine, Saint-Gobain vise un chiffre d’affaires de plus de 9 milliards d’euros d’ici 2030, au lieu de 6,5 milliards aujourd’hui.
D’ici 5 ans, la rotation d’actifs représentera plus de 20% du chiffre d’affaires du groupe.
Le bilan restera solide, avec un ratio dette nette sur Ebitda entre 1,5 et 2 fois sur la période du plan (1,4 fois en 2024).
Enfin, la politique de retour aux actionnaires restera attractive, avec environ 8 milliards d’euros distribués d’ici 2030 sous forme de dividendes (6 milliards) et de rachats d’actions (2 milliards).
En Bourse, ce plan particulièrement dense n’a pas fait réagir le titre, qui a perdu 3,4% le 6 octobre, secoué, il est vrai, par le retour de la crise politique.
Les ambitions de Saint-Gobain apparaissent dans la continuité de ses réalisations passées. Le nouveau plan ne dévoile pas de surprise particulière, en particulier au niveau de la trajectoire financière.
Mai sous la houlette de Benoit Bazin, l’industriel a beaucoup gagné en crédibilité, en améliorant son profil de croissance rentable et en réduisant sa cyclicité.
Le titre a engrangé 140% en trois ans, et progresse encore de 5% depuis le 1er janvier dernier. Il se négocie 14,2 fois le résultat net attendu pour l’exercice en cours, et 12,9 fois celui escompté pour le suivant.
Notre conseil: achetez Saint-Gobain à 90 euros pour viser 105 euros à un horizon de 18 mois. Codes FR0000125007 et SGO
Olivier Dauzat