Nexans : une incertitude à exploiter
L’action du fabricant de câbles pâtit de rumeurs d’un gel du projet d’interconnexion électrique Great Sea Interconnector entre Chypre et la Grèce. Ce contrat a néanmoins déjà donné lieu à des paiement de la part des donneurs d’ordre. La baisse du cours intègre désormais ce risque et peut constituer une opportunité.

La rumeur enfle depuis plusieurs semaines et ces dernières heures encore, la presse chypriote a laissé entendre que les gouvernements chypriote et grec seraient sur le point de geler le projet d’interconnexion électrique Great Sea Interconnector en attendant la mise à jour des données techniques et économiques de ce chantier titanesque. Nexans avait remporté ce contrat chiffré à 1,43 milliard d’euros en juillet 2023. Il s’agit de relier les réseaux de Grèce et de Chypre via des câbles haute tension d’une longueur de 900 kilomètres chacun déployés par plus de 3.000 mètres de fonds sous la Méditerranée. Outre les problèmes de financement, le projet avait a suscité l’opposition de la Turquie frontalière. Mais Nexans dément les informations de la presse locale et indique poursuivre l’exécution du projet conformément à ses obligations contractuelles tout en précisant que les étapes peuvent être ajustées au fil du temps. En août dernier, Nexans avait indiqué que tous les câbles nécessaires au projet avaient été payés et que s’il le fallait, toute capacité de production disponible pourrait être réaffectée à d’autres initiatives en cours ou à venir. Le groupe le répète une nouvelle fois et considère voir éliminé tout risque financier en cas d’ajustement du projet.
Un groupe désendetté
Ces annonces, qui surviennent quelques semaines après le départ surprise du directeur général, Christopher Gerin, peuvent néanmoins ternir la visibilité du dossier à court terme, notamment en termes d’impact sur la production et sur le carnet de commandes qui se montait à 7,9 milliards d’euros pour l’activité PWR-Transmission à fin septembre, soit une hausse de 27% sur un an. Le potentiel du marché de l’électrification dans le monde reste cependant énorme comme l’a encore montré la progression de 12,6% du chiffre d’affaires de ce segment au troisième trimestre 2025 (+9,4% sur 9 mois). En juillet, Nexans avait même relevé ses prévisions annuelles (confirmées le 23 octobre dernier), visant pour l’exercice 2025 un excédent brut d’exploitation ajusté compris entre 810 et 860 millions d’euros et un flux de trésorerie disponible entre 275 et 375 millions. Sur la base des cours actuels, l’action capitalise environ 14 fois les profits attendus en 2026 par le consensus Factset, tandis que la valeur d’entreprise représente à peine plus de 6 fois l’excédent brut d’exploitation, sachant que le groupe devrait terminer l’exercice 2025 avec un endettement net quasiment nul. Dans le pire des cas, un gel du projet d’interconnexion entre Chypre et la Grèce ne compromettrait pas les perspectives toujours attractives à moyen terme.
Notre conseil : achetez Nexans à 118 euros pour viser 140 euros à un horizon de 18 mois. Codes : FR0000044448 et NEX.