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François-Xavier, Chauchat, stratégiste chez Dorval Asset Management : « la prime de risque des actions reste confortable »

Après un millésime 2021 exceptionnel en Bourse, voici le moment de se projeter sur la nouvelle année. François-Xavier Chauchat, stratégiste chez Dorval Asset Management nous livre ses analyses sur les actions et les risques à prendre en compte.

François-Xavier Chauchat - Dorrval
François-Xavier Chauchat – économiste à Dorrval

Êtes-vous positif sur les marchés d’actions pour cette année 2022 ?

F-X. C : Les marchés des actions vont continuer à bénéficier du boom économique induit par des politiques publiques dont la priorité est le plein emploi. Les banques centrales vont resserrer leur politique monétaire mais sans agressivité, d’autant que l’inflation devrait rebaisser progressivement. Cette hausse des taux n’est pas une menace forte pour les actions car la prime de risque des actions par rapport aux obligations reste confortable.

Quels sont les risques identifiés pour cette nouvelle année ?

F-X. C : Outre les risques sanitaires (nouveaux variants, etc.) et géopolitiques (Ukraine, Taiwan), le risque principal serait celui d’une « réaction orthodoxe » visant à ralentir l’économie pour juguler l’inflation. Cette réaction prendrait la forme d’une hausse rapide des taux d’intérêt et de mesures de consolidation budgétaire. La probabilité de ce scénario de risque dépendra en grande partie de la durée et de l’intensité de l’épisode inflationniste actuel.  

Croyez-vous l’inflation transitoire ou durable ?

F-X. C : Cet épisode fait parfois penser à une inflation d’après-guerre, quand le boom de la demande se heurte à des capacités de production restreintes et à un niveau très bas des stocks. De là à ce que cet épisode se transforme en un problème durable d’inflation il y a un grand pas qu’il semble prématuré de franchir. On ne passe pas aussi facilement d’une inflation structurelle trop basse, celle des années 2010 (et même depuis 1995 au Japon), à une inflation structurelle trop forte.

Le prix des matières premières va-t-il continuer de monter ?

F-X. C : La mise en place du tout-électrique et les autres évolutions liées à la transition énergétique exercent une pression haussière sur les matières premières industrielles et sur le prix des énergies fossiles. Et la forte reprise économique accroit bien entendu ces tensions. Le ralentissement de l’économie chinoise, qui consomme une part considérable de ces matières premières, exerce cependant une action stabilisatrice qui limite les dégâts. Offre et demande vont donc finir par s’équilibrer dans les prochains trimestres, même s’il est probable que les prix de certaines matières premières devront encore monter avant que ce rééquilibrage intervienne.

Les hausses des taux directeurs de la Fed vous paraissent-elles correctement anticipées par le marché ?

F-X. C : Depuis la réunion de la Fed du 15 décembre 2021, les marchés financiers ne considèrent plus que la Fed est en retard. C’est d’ailleurs assez étonnant car si les prévisions de Jérôme Powell se vérifient, les taux directeurs de la banque centrale américaine resteraient inférieurs à l’inflation jusqu’en 2024, année où les deux variables convergeraient sur des niveaux proches de 2%. On est très loin d’une politique restrictive.

Comment percevez-vous la situation en Chine ? Les difficultés des promoteurs, le tour de vis règlementaire dans de nombreux secteurs, le ralentissement de la conjoncture.

F-X. C : Après deux décennies de très forte croissance, la Chine a décidé depuis le milieu des années 2010 de privilégier la soutenabilité de la croissance à travers trois grands axes. Le premier est celui de la fin du boom de l’immobilier, ce qui est plutôt bienvenu car le secteur chinois de la construction est très gourmand en matières premières. Le deuxième est celui de la lutte contre la pollution et le réchauffement climatique. Et le troisième est la mise au pas des grandes fortunes capitalistes, au nom de la réduction des inégalités, mais aussi bien évidemment dans un but de contrôle. Cette nouvelle réalité est de mieux en mieux intégrée dans les prix des actions chinoises.

Faut-il s’inquiéter de l’explosion des déficits publics ?

F-X. C : Les déficits publics ne posent pas de problèmes particuliers dans les pays développés car la confiance dans la monnaie reste forte. A moins que l’inflation devienne un problème grave et durable, la consolidation budgétaire au pas de force ne se justifie pas. C’est en revanche plus délicat dans certains pays émergents où les anticipations d’inflation sont moins bien ancrées. L’année 2022 sera de ce point de vue un test crucial pour ces pays. SI l’inflation mondiale rebaisse comme prévu par les instituts de conjoncture, tout ira bien. Sinon, ce sera très difficile pour une partie du monde émergent, dont l’Amérique Latine.

Les attentes en matière de croissance des profits vous paraissent-elles conservatrices ?

F-X. C : Les analystes financiers s’attendent à ce que la valeur médiane de la croissance des profits par action se situe à environ +10-12% au niveau mondial. Ces chiffres semblent cohérents, voire un peu conservateurs dans un monde où la croissance économique atteindrait presque 5%, soit nettement plus que sa tendance de long terme, qui est de 3%.

Valeurs cycliques ou sociétés de croissance, quel segment privilégiez-vous ?

F-X. C : Les marchés des actions bénéficient à la fois du bas niveau des taux à long terme, qui soutient les grandes valeurs de qualité, et du boom économique qui soutient les valeurs cycliques. Il n’y a pas à faire un choix drastique entre les deux univers, tant que les équilibres entre croissance, inflation et taux d’intérêt ne sont pas rompus. Qu’elles soient cycliques ou non, le critère majeur de sélection des entreprises nous semble plutôt à chercher du côté de leur capacité à intégrer les nouveaux enjeux ESG. Parmi ces critères, la dimension gouvernance nous semble particulièrement importante. Enfin, la thématique de la transition énergétique devrait rester centrale en 2022.

Un rattrapage des valeurs moyennes et des petites capitalisations est-il envisageable ?

F-X. C : La maturité du cycle de marché, après 20 mois de forte hausse, et les vagues des variants Delta puis Omicron ont conduit les investisseurs à devenir plus prudents au deuxième semestre 2021. Cette aversion au risque les a parfois éloignés des valeurs moyennes. Si les nouvelles épidémiques et inflationnistes s’améliorent comme prévu en 2022, les conditions d’un rattrapage du terrain perdu en 2021 par les petites et moyennes valeurs pourraient être réunies.

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