CIS: la diversification sera-t-elle suffisante?
Le spécialiste de la gestion des bases vie en milieux hostiles affiche une faible valorisation, mais sa visibilité est affectée par la volatilité des taux de change, le risque politique et la non reconduction de certains contrats. L’exercice 2019 se présente malgré tout sous de meilleurs auspices.
![CIS Pixabay.com](https://www.decisionbourse.fr/assets/uploads/2019/04/matières-premières.jpg)
L’année 2019 a commencé dans le prolongement de 2018 pour le spécialiste de la gestion des bases vie en milieux hostiles (hôtellerie, restauration, services…). L’activité continue en effet d’être freinée par le non-renouvellement d’un contrat en Algérie qui avait représenté un volume d’affaires de 6 millions d’euros sur le seul premier trimestre 2018. D’où un léger repli des facturations globales (-0,8%) au premier trimestre 2019 à données comparables. Ce n’est pas la première fois que CIS doit faire face à l’arrêt soudaine d’un contrat. Au Brésil, la société a par exemple fait les frais de la politique de recentrage du géant pétrolier, Petrobras, sur un nombre plus restreint de fournisseurs et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la société a récemment annoncé l’acquisition de deux société brésiliennes, Alternativa et Beta, positionnées sur les prestations de services dans les marchés offshore. Elles réalisent un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros et sont plus rentables que CIS. Avec cette opération, le groupe français parvient même à augmenter sa part de marché à 20% au Brésil, où il a n’a renoué que très récemment avec les profits. Les synergies liées aux nouvelles acquisitions permettront sans doute d’améliorer la rentabilité de la zone.
La stratégie des dernières années a par ailleurs consisté à prospecter de nouveaux pays pour améliorer le profil de croissance. C’est ainsi que de nouvelles filiales ont été ouvertes aux Bahamas, au Malawi, en Irak, au Qatar et au Sénégal. L’Algérie reste malgré tout prépondérante dans le dispositif du groupe avec un poids de l’ordre de un quart du chiffre d’affaires. Et elle devrait le rester malgré le non renouvellement du gros contrat, puisque CIS en a signé un autre de 3 ans, pour un montant d’environ 70 millions d’euros, avec la compagnie nationale Sonatrach. C’est à la fois un atout et un inconvénient dans la mesure où les perturbations politiques en Algérie peuvent ternir la visibilité de l’ensemble du dossier.
33 millions d’euros de cash bloqués en Algérie
Au cours du deuxième semestre, le groupe avait signé pour 475 millions de dollars de contrats. Une part non négligeable provient de renouvellements, mais il y en a aussi de nouveaux qui devraient stimuler la dynamique cette année et permettre à CIS de renouer avec une croissance organique positive. La bonne nouvelle est que les effets de changes devraient être beaucoup moins défavorables en 2019 après avoir eu un impact majeur en 2018. Nous tablons sur un chiffre d’affaires annuel en hausse d’environ 7% à 240 millions d’euros avec une légère amélioration de la marge opérationnelle et un bénéfice de 6 millions d’euros, en progression de 22%. Notre prévision est capitalisée un peu plus de 16 fois sur la base des cours actuels, ce qui n’aurait rien d’exagéré au regard de la situation de trésorerie nette largement positive au bilan (48 millions d’euros à la fin de 2018). Mais les deux tiers de cette trésorerie sont aujourd’hui bloqués en Algérie et CIS ne peut en disposer à sa guise en dépit des nombreuses décisions de justice rendues en sa faveur. Le contexte politique actuel rend l’issue du contentieux très incertaine. Heureusement, CIS n’en a pas un besoin vital. Ces liquidités pourraient toutefois lui permettre d’accélérer dans de nouveaux pays et de poursuivre la diversification en dehors des débouchés liés aux matières première et à l’énergie qui restent prépondérants dans la constitution du chiffre d’affaires.
Au niveau de la gouvernance, les marchés pourraient s’impatienter face à la lenteur du processus de remplacement de l’ex directeur général, Jeremy de Brabant et d’une manière plus globale, de l’organisation de la succession du fondateur, Régis Arnoux.
Notre conseil : après le fort rebond intervenu depuis le début de cette année (+32%), le titre CIS reste encore modérément valorisé mais la situation politique en Algérie incite à une certaine prudence. Des prises de bénéfices sont possibles sur les niveaux actuels en attendant un éventuel repositionnement sous 11 euros. Code Isin : FR0000064446.