Legrand: un accident de parcours à mettre à profit
La progression des ventes de Legrand aux Etats-Unis a ralenti au troisième trimestre. Pour autant, la trajectoire de croissance du groupe industriel, qui profite toujours de l’essor des centres de données, n’est pas remise en cause.

Le spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment trébuche sur son chiffre d’affaires du troisième trimestre. Celui-ci a progressé de 13,4% (hors effet de change), mais la croissance interne a ralenti sur la période, à 6,7%, après 10,1% au deuxième trimestre, et 9% sur l’ensemble du premier semestre.
Aux Etats-Unis (39,6% du chiffre d’affaires), la croissance interne est ressortie à 14,4%, contre 22,7% au deuxième trimestre. La dynamique reste portée par les offres dédiées aux centres de données, mais elle a marqué le pas cet été.
En Europe (38,3% du chiffre d’affaires), en revanche, la croissance interne s’améliore quelque peu à 2,7% au troisième trimestre, contre 2,3% au deuxième trimestre. La situation reste très contrastée suivant les pays, avec au cours des neuf premiers mois de l’exercice, des croissances en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, compensées en partie par des tendances négatives comme en Espagne ou en France.
Sur l’ensemble des neuf premiers mois de l’exercice, le chiffre d’affaires de Legrand s’est adjugé 11,9% à 6,97 milliards d’euros. L’effet périmètre (7 acquisitions ont été annoncées depuis le début de l’année représentant près de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires en rythme annuel) s’est élevé à +5,8%, compensant largement les effets de change négatifs, de -2,2%.
Côté rentabilité, la marge opérationnelle ajustée au 30 septembre dernier est ressortie à 20,7%, contre 20,5% sur les neuf premiers mois de 2024. Quant au résultat net, il s’est accru de 7% à 892,3 millions d’euros.
Une valorisation justifiée
Le groupe confirme ses objectifs 2025 révisés à la hausse en juillet dernier. Il vise une progression de ses ventes hors effet de change comprise entre 10% et 12% (dont une croissance organique entre 5% et 7% et une croissance par acquisition d’environ 5%), ainsi qu’une marge opérationnelle ajustée après acquisitions de 20,5% à 21%.
Il n’y a donc rien d’alarmant sur la trajectoire de croissance de l’industriel basé à Limoges, qui s’est accélérée avec les offres dédiées aux datacenters représentant 24% du chiffre d’affaires .
La déception du troisième trimestre déclenche des prises de bénéfices sur Legrand d’autant plus légitimes que l’action vient de s’adjuger près de 40% depuis le début de l’année.
A 25,3 fois le résultat net attendu pour l’exercice en cours, la valorisation de Legrand se situe un peu au-dessus de sa moyenne depuis 2020 (23 fois). Toute publication financière un tant soit peu en-deçà des attentes est logiquement sanctionnée. Un phénomène classique en Bourse sur des titres chers.
Le repli du titre sous 130 euros – soit le niveau atteint fin juillet – offre l’occasion de renforcer sa position.
Le modèle de Legrand demeure très performant: positions commerciales de premier plan, marges élevées, forte génération de trésorerie, dividende en progression régulière, etc.
Notre conseil: achetez Legrand à 127 euros pour viser 145 euros à un horizon de 18 mois. Codes : FR0010307819 et LR
Olivier Dauzat